Titis et graminées
Ou comment 2 Parisiens décident de passer au jardin.
Elisabeth et moi sommes Parisiens. Ou plus exactement étions. Et comme la plupart des Parisiens, nous l'étions d’adoption.
Bon. Quelques infidélités à la ville lumière, d’accord. Mais au final, nous étions d’authentiques citadins vivant en grande agglomération depuis plus de 30 ans.
Elisabeth est originaire du Jura. Elle y a vécu jusqu'à l'âge de 18 ans puis elle est venue s'installer à Paris pour travailler. De mon côté, j'ai grandi dans le sud de la Seine-et-Marne puis j’ai quitté la ferme agricole de mes parents pour rejoindre la capitale, terminer mes études et travailler.
Quand le Jura rencontre la Seine & Marne
Si Elisabeth a su conserver quelques intonations de son Jura natal (surtout quand elle est fatiguée, paraît-il...), pour ma part je n’ai pas vraiment d’accent. Probablement parce qu’il n’en existe pas de connu dans le sud de la Seine-et-Marne. En tout cas rien d'officiel (peut-être un "boudiou" par-ci par là, et encore...).
Pourtant, on me dit aujourd’hui qu’il apparaît dans certaines de mes intonations des pointes de cet accent “parigot” que l’on n’entend plus guère sauf peut-être dans les polars des années 50 ou chez les titis de Belleville ! Croyez-moi, j’ignore d’où je peux bien tenir ça puisque je n’y mets jamais les pieds sauf occasionnellement pour mon travail ou pour visiter de bons amis. Allez comprendre.
Elle : "T'es où ?" Lui : "Aud'ssus !" Elle : "Boudiou !" - Crédits photos © Elidega
Il y a quelques temps, l’âge aidant probablement, nous avons tous les deux ressenti un besoin d’air pur, de calme et de nature. Peut-être le classique besoin d'un retour aux sources. Dans l’impossibilité de renoncer brutalement à nos activités respectives, il nous fallait trouver pas trop loin de Paris un lieu qui nous reconnecte progressivement avec le monde rural.
Naturellement, nous adorons toujours la grande ville pour toutes les facilités qu’elle procure: les transports en commun, la proximité de tous les services, les magasins spécialisés en tout et n’importe quoi, les musées, le cinéma, le théâtre sans oublier le mélange des cultures qui semble tellement indispensable. Et puis la grande ville, c'est aussi la possibilité d’exercer diverses activités professionnelles riches, variées et pour tout dire passionnantes sans avoir besoin de déménager. Ça compte.
Le plaisir du temps long
Pourtant, parce que c'était devenu nécessaire, nous avons fini par dénicher aux confins de l’Yonne et du Loiret, la maison dont nous rêvions. Quel bonheur ! Pour Élisabeth, comme pour moi, occuper nos jours de repos par une activité de jardinage et d’entretien de notre petit terrain fut un peu comme une renaissance : retrouver le plaisir du temps long, celui qui consiste à attendre que la saison intermédiaire passe et laisse éclore ce qui a été planté. Ce temps long qui permet également d'apprendre ou de réapprendre les bonnes pratiques, de s’inspirer des méthodes traditionnelles et d'imaginer comment les adapter. Nous avons aussi rencontré nos voisins et certains sont devenus des amis. Ça aussi ça compte. Et enfin, nos deux chattes, Simone et Garfounekeule, ont adopté le lieu en un instant. Le retour en arrière est donc devenu impossible.
De g. à d. : Simone & Garfounekeule de concert à Montcorbon - Crédits photos © Elidega
Au jardin, l’apprentissage est mutuel. Nous apprenons tous les jours de lui. Et nous sommes persuadés qu'il apprend aussi de nous. Edith et Claire, les propriétaires précédentes qu’on embrasse en passant, ont patiemment construit cette maison et ce jardin à leur image. Depuis notre arrivée, nous l'observons et le façonnons progressivement à la nôtre mais certains endroits que nous n'avons pas encore touchés ont déjà commencé à changer comme on aime. Par quelle magie ?
Quand vint le moment des premiers aménagements, l’une des plantes que j’ai choisie en jardinerie était une graminée. De celle qui n’a pratiquement pas besoin d’entretien. Afin de ne pas rater mon premier coup. Et au fur et à mesure, nous prenons confiance. Mais nous avons encore besoin de tout : d’idées, de conseils et d’outils. Et parmi les premiers d’entre eux, le tuteur s’est rapidement révélé indispensable au succès de nos premières plantations.
Cette découverte a coïncidé de façon tout à fait extraordinaire avec une péripétie familiale inattendue (que vous pourrez découvrir en lisant “Qui est Léon ?”). Voilà pourquoi nous nous sommes lancés dans une aventure palpitante : Le Jardin de Léon.
Bienvenue et à bientôt.