Qui est Léon ?
Paysan, jardinier et dessinateur
En juin 1955, Léon Bourdin, mon arrière-arrière grand-père, paysan et jardinier passionné, s’éteignait paisiblement dans son lit à l’âge de 94 ans, après avoir notamment servi en Afrique du nord et traversé deux guerres mondiales.
Mon arrière-arrière grand-père Léon Bourdin, photographié au studio E. Darsy à Malesherbes (Loiret)
Sa passion pour la terre et notamment pour ses jardins, ses fleurs et son potager faisait sa réputation et l’admiration de tout son entourage. Il en était particulièrement fier et travaillait sans cesse à l’élaboration ou à l’amélioration des outils et techniques de jardinage qu’il avait lui-même reçus de son père et de son grand-père.
Une passion peu connue : le dessin
Mais Léon Bourdin avait une autre passion connue à l’époque de sa seule épouse Amanda : le dessin. Il passait, paraît-il, des heures dans son jardin, sa célèbre casquette vissée sur son crâne, à croquer ses plantes, à mettre en scène ses idées et ses inventions sur des carnets.
Léon et sa femme Amanda devant leur maison, en janvier 1954 (photo de famille)
En 1932, d'après une date figurant sur le carnet, Léon s’était notamment penché sur le dessin d’un accessoire en apparence insignifiant et pourtant essentiel au développement des plantes, des arbres et des fleurs dans un jardin : le tuteur.
Il en avait imaginé de différentes tailles, de différents diamètres et de différents métaux, dessiné plusieurs formes et rédigé quelques lignes (parfois difficiles à déchiffrer) sur son carnet de croquis.
Les idées de Léon...
Selon son idée, ses tuteurs pourraient :
• être en acier, rouiller avec le temps tout en maintenant le taux d'acidité de la terre,
• être en cuivre et prodiguer leur effet naturel anti-limaces et anti-escargots, ou
• être en laiton et briller comme de l’or !
Même le fameux ”acier qui ne rouille pas”, l’inox récemment apparu, aurait été envisagé par Léon malgré le prix élevé pour l’époque, preuve de son intérêt pour les innovations du moment.
L’idée qu’il avait développée alors, était que le tuteur pourrait avoir trois fonctions dans un jardin :
• un rôle technique : l’accompagnement de la plante naissante et grandissante,
• un rôle chimique naturel : la protection de la plante et/ou l’apport en bienfaits à la terre et, enfin,
• un rôle esthétique, ce qui semblait être le plus important à ses yeux.
Je m'appelle Bertrand Vivier et je suis donc l'un des arrière-arrière petits-enfants de Léon Bourdin. J'ai depuis peu une petite maison avec un jardin et un atelier, non loin de là où il vécut.
Et c'est à l’occasion d’une réunion familiale alors que nous en parlions, qu'une de mes cousines me montra ce carnet de notes et de croquis qu’elle avait reçu par héritage. Il était resté longtemps à l’humidité, était déjà en très mauvais état et n’avait plus guère d’intérêt à ses yeux. Devant mon enthousiasme, elle me le cèda sans hésiter.
... arrivent dans votre jardin
De retour chez moi, j’avais parcouru ce carnet avec fébrilité et beaucoup de précautions, très impressionné par le côté avant-gardiste d'un homme que personne dans la famille n'avait jamais décrit comme particulièrement visionnaire. Et il semblait que dans ce cas, son remarquable travail de recherche empirique n’avait jamais dépassé le stade du croquis. Impossible de savoir pourquoi. En tout cas, les plus anciens n’en avaient aucun souvenir.
Me voici donc, 90 ans plus tard, en train de concrétiser son idée du tuteur multi-fonction en mémoire de mon arrière-arrière grand-père Léon et de ses carnets, pour celles et ceux qui aiment leurs plantations et leurs fleurs avec passion.